lundi 14 novembre 2016

Arvid JOHANSON (1862 - 1923)




   Une barque glisse devant l’orange incandescente d'un soleil couchant. Les marins nous scrutent comme surpris par notre présence dans ce lieu où ciel et mer se confondent. Sommes-nous bien en mer face à de simples marins ? Ou seraient-ce des passeurs venus nous embarquer à destination d’un autre monde ? Cette peinture aux accents oniriques d’Arvid Claes William JOHANSON illustre parfaitement la richesse d’une œuvre qui sut marier dans de larges marines crépusculaires, naturalisme et symbolisme. Les œuvres de jeunesse d’Arvid Johanson furent pourtant fort éloignées de ces marines impressionnistes. Fils d'un peintre de marine, Arvid Johanson naît le 29 mai 1862 à Stockholm en Suède. Sa voie est tracée et le jeune Arvid étudie les arts à Stockholm puis à Düsseldorf avant de rejoindre la France. Il y réalise ses premières marines à Berck sur la Côte d’Opale. Le 17 mars 1888, l'édition de Gil Blas évoque les débuts du jeune peintre dans la rubrique "Envois au Salon" ; « M. Johanson (Arvid), jeune peintre suédois dont on a remarqué les toiles au dernier Salon envoie cette année deux marines fort intéressantes dont l'une, une vue du port de Grandville la nuit, est des plus remarquables, à notre avis. Effet de lune très curieux, ensemble saisissant, et qui marque que l'artiste, un ancien marin, a compris la mer, en amoureux et, en poète, tout en restant un observateur exact et scrupuleux de vérité.» 


L’artiste penche alors vers l’illustration destinée aux revues suédoises et françaises. Ses talents de dessinateur le font peut être remarquer par le Ministère de la Marine. Après avoir embarqué sur des vaisseaux de la flotte, il sera nommé en 1898 Peintre Officiel de la Marine (P.O.M.). C’est sans doute à partir des années 1900 que l’artiste s’exprimera avec une plus grande liberté. L’homme de lettres, Louis de Veyran dans son livre Peintres et Dessinateurs de la Mer, évoque en 1901 cette évolution ; « M. Arvid Johanson a résidé aussi à l'étranger, mais il a conservé la facture des artistes du Nord. Il peint sombre, et il va quelquefois jusqu'à la complète obscurité. On dirait que les succès de M. Carrière* le troublent. Il a commencé par être élève de l'école des Beaux-Arts de Stockholm. Puis il passa quelque temps à La Haye, dans l'atelier de Mesdag, et vint ensuite à Paris où il habite depuis plus de vingt ans. Les différents milieux dans lesquels il a vécu, ont eu sur son talent la plus heureuse influence. Peintre du Ministère de la Marine, il a navigué sur les vaisseaux de l'Etat et reproduit des épisodes de notre vie maritime. Son Départ pour la pêche, qui ornait un pavillon de l'Exposition universelle de 1900, est une composition originale, d'un procédé tout moderne ; elle produisait grand effet. Sur une mer calme, éclairée par la lune aux reflets cuivrés, nous apercevions des barques de pêche au repos. Il se dégageait de ce tableau une impression forte et sereine, qui venait en grande partie de la largeur de l'exécution.» 




Si Arvid Johanson est devenu au fil du temps un peintre français réputé, ce sont les rivages du Bohuslän dans sa Suède natale qui lui inspireront ses plus belles œuvres. Dans ses grandes marines crépusculaires aux soleils suspendus, régneront comme l’évoque Louis de Veyran, un calme et une sérénité maîtrisés, illustration probable de la plénitude d'un peintre ayant réussi sa carrière et sûr de son art.   



Un entrefilet du carnet de l’édition du Matin du 28 mars 1923 révèle : « On apprend la mort d’Arvid Johanson, officier de la Légion d’honneur, peintre du département de la marine. Réunion à 2 h 30, porte principale du Père-Lachaise, jeudi 29 mars. ». Le plus français des artistes suédois est décédé le 25 mars 1923 à Paris à l’âge de 61 ans. 

* : Eugène Carrière (1849 - 1906)  

vendredi 11 novembre 2016

Carl BRANDT (1871 - 1930)

Nous complétons la note biographique de Carl Brandt par ces quelques marines que l'artiste réalisa sur la côte suédoise dans les années 1900.