lundi 17 avril 2017

Louis Marie Désiré-Lucas (1869 - 1949)



   La baie de Douarnenez appartient sans doute au peintre Louis-Marie DÉSIRÉ-LUCAS. Il la parcourut pendant plus de 30 ans avec son ami Abel Villard (1871 - 1969) et réussit plus que nul autre à saisir la puissance de ces grands espaces de l’Armor. Dans ses toiles de grand format, Désiré-Lucas délaissera les bleus éclatants des journées ensoleillées ou le gris des jours sans lumière, pour peindre des ciels sculptés par les vastes nuages glissant sous les vents d’Ouest. « Si je vis encore un peu, je ne peindrai plus que des ciels » disait-il à la fin de sa carrière en rajoutant que « le ciel est roi en Bretagne ». Le peintre nous en a laissé le plus brillant des témoignages.   







dimanche 2 avril 2017

Regards Croisés : Le Sillon à Camaret-sur-Mer

Le Sillon à Camaret-sur-Mer
Jilm SÉVELLEC (1897 - 1971)

Le Sillon à Camaret-sur-Mer
Jilm SÉVELLEC (1897 - 1971)
 
Six tableaux à la parenté évidente pour une énigme. Elle débute dans un lieu connu, celui du Sillon, cette jetée naturelle de galets protégeant le port de Camaret-sur-Mer à la pointe de la Bretagne. Bâties toutes deux au 17ème siècle, la Chapelle Notre Dame de Rocamadour et la Tour Vauban s’y côtoient. Le port breton deviendra deux siècles plus tard un lieu prisé par les artistes. Eugène Boudin (1824 - 1898) sera le premier à y poser son chevalet au début des années 1870. Il sera suivi par de nombreux artistes et hommes de lettres qui trouveront dans la beauté sauvage des paysages de la presqu’île de Crozon, un lieu idéal pour la création. Les peintres Charles Cottet (1863 - 1925), Georges Lacombe (1868 - 1916), l’écrivain Gustave Toudouze (1877 - 1974) et le poète au destin tragique, Saint-Pol-Roux (1861 - 1940) marqueront de leurs empreintes la ville. Mais revenons à nos tableaux. Leur proximité saute aux yeux. Au fond, les silhouettes de la Chapelle et de la Tour se dessinent, tandis qu’au premier plan, surgissent les proues des langoustiers sur leurs cales. Mâtés, ils n’ont pas rejoint ce qui deviendra jusqu’à nos jours un cimetière de bateaux. Les langoustiers semblent parés à naviguer et des hommes en vareuses s’affairent auprès des coques. Rien de surprenant car le Sillon accueillait des chantiers navals depuis le début du 19ème, comme celui des Keraudren. Parmi ces six tableaux, deux nous sont parfaitement connus (photos ci-dessus). Ils ont été réalisés par Jim Eugène Sévellec, un enfant du pays né à Camaret en janvier 1897. L’artiste peint par deux fois cette scène dans des tons différents. On remarque sur celle aux couleurs les plus chaudes qu’une petite ancre de marine côtoie la signature de l’artiste. Jim Sévellec devient en 1936 Peintre Officiel de la Marine (P.O.M) et peut donc adjoindre la prestigieuse marque à sa signature. Voilà qui nous renseigne sur l’ordre de création des deux œuvres. 

Le Sillon à Camaret-sur-Mer
Atelier de Paul MORCHAIN (1876 - 1939)
Camaret, la Voile rouge
Paul MORCHAIN (1876 - 1939)
Le second tableau ci-dessus est attribué à un autre peintre officiel de la marine, Paul Morchain (1876 - 1939). L’artiste né à Rochefort en décembre 1876, sera l’élève d’Eugène Chigot (1860 - 1923).  Il s’agit d’une œuvre d'atelier non signée. Une esquisse fort éloignée d’une précédente version réalisée par l’artiste dite à la voile rouge



Un élément historique vient contrarier la datation de ces différentes œuvres. Il existait sur le Sillon à côté de la Tour Vauban, un château d’eau qui fut érigé en novembre 1917 (photos ci-dessus). Cet ouvrage qui n’apparaît dans aucune de ces peintures, disparut en juin 1939, année de décès de Paul Morchain. Seules deux peintures trouvent donc une cohérence chronologique ; celle de Paul Morchain à la voile rouge, sans doute réalisée avant 1917 et celle de Jim Sévellec devenu P.O.M peinte postérieurement à 1939. Le mystère est entier pour les deux œuvres restantes et vient s’épaissir encore lorsque surgissent trois œuvres similaires non attribuées mais signées pour deux d’entre elles, dont l’une est datée de 1944 (photos ci-dessous). Comment expliquer cette parenté ? Est-elle le fruit d’un groupe d’artistes réalisant par jeu la même scène ? Ou ces œuvres seraient-elles une simple succession de copies ? Le Sillon de Camaret-sur-Mer garde pour l’instant la clé de ces énigmes.

Le Sillon à Camaret-sur-Mer, 1944
Anonyme signé en bas à gauche
Le Sillon à Camaret-sur-Mer
Anonyme signé en bas à gauche
Le Sillon à Camaret-sur-Mer
Anonyme