Wilhelm Von GEGERFELT naît en 1844 à Göteborg dans une famille bourgeoise. Son père, Victor, (1817 - 1915), enseigne l’architecture et deviendra à compter de 1872, l’architecte de la ville de Göteborg pendant plus de vingt ans. Wilhelm débute sa formation artistique en 1861 à l’Académie des Beaux-Arts de Copenhague, puis intègre celle de Stockholm en 1864. Il parachèvera sa formation comme de nombreux étudiants suédois* à l’Académie de Düsseldorf. Il y fréquente les artistes hongrois Paál László (1846 – 1879) et Mihály Munkácsy 1844 – 1900) avec qui il voyagera en Hollande. Il apprend à leur contact l’usage du bitume utilisé dans ses premières œuvres. L’artiste rejoint Paris en 1872 et suit ainsi les pas de son compatriote Alfred Whalberg (1834 - 1906), arrivé dès 1866. Il est proche du paysagiste suédois Carl Fredrik Hill (1849 - 1911) également présent à Paris, avec qui il partage son admiration pour Charles-François Daubigny (1817 - 1878) et Jean-Baptiste Corot (1796 – 1875).
L’artiste voyage en France et peint les rives de la Manche et de la Bretagne. Il expose au Salon pour la première fois dans les années 76, non sans succès.
Le critique et auteur Emile Bergerat (1845 - 1923) l’encensera dans plusieurs chroniques dont celle de 1876 : "La neige,d'ailleurs, a de nombreux zélateurs au Salon de 1876, et en première ligne M. Gegerfelt, un jeune peintre suédois du plus bel avenir. M. Gegerfelt a une manière de peindre, chaude, vibrante et sommaire qui n’est qu’à lui. Sa Vue prise en Suède, au soleil couchant, avec ses patineurs et ses traineaux glissant sur une rivière gelée, avec son pittoresque moulin aux ailes figées dans l’air brun, est enlevée par larges touches d’une vive sonorité de ton, en pleine pâte et
dextrement. Le Ruisseau entre deux chaumières, qui constitue la vue prise en Bretagne, est d’un intérêt plus vif encore. Comme exécution, c’est la manière brune des écoles du Nord, réveillée d’accents impétueux autant qu’imprévus. Dans le ciel embrasé des incandescences du couchant, les tons roses, citron et orangés se mêlent par valeurs exquises, comme fondues par les seules vibrations
atmosphériques. Cela est très-fort et très-hardi, et l’auteur est doué d’un beau tempérament de peintre."
L’artiste aura séjourné au Danemark où il fréquentera la colonie de Skagen, mais aussi en Italie où il peint avec ardeur la vie vénitienne. C’est en 1888 qu’il quitte définitivement la France pour
rejoindre la Suède. Reconnu, il sera professeur à la prestigieuse université d’Uppsala et aura le privilège de former un temps le prince Eugen (1865 - 1947) qui au-delà de son rang, fut peintre, collectionneur et mécène. Wilhelm Von Gegerfelt se retire dans la petite ville de bord de mer de Torekov, face à l’île d’Hallands Väderö. Il y décèdera en 1920 à l’âge de 76 ans.
Entre l’académisme de compositions minutieuses, proches à certains égards d’un travail photographique, et des peintures plus spontanées aux accents impressionnistes, l’œuvre prolifique et
diverse de Wilhelm Von Gegerfelt aura parfaitement reflété les évolutions artistiques de cette seconde moitié du XIXème. Le peintre aura été à ce titre, un parfait trait d’union
entre différentes écoles, styles et cultures, dans une Europe qui progressivement à l’échéance du siècle, se refermera dans ses nationalismes.
* : In Échappées nordiques, p. 152, Carl-Johan Olsson, éditions Somogy, 2008
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