samedi 2 novembre 2013

Gunnar NORRMAN (1912 - 2005)



   Gunnar NORRMAN est né en 1912 à Malmö. Il suit des études de botaniste et de chimie à l’Université de Lund et s’installe dans la petite ville côtière limitrophe de Lomma. C’est à l’université qu’il rencontre Ulla Sylvén (1919 - 2012), fille de son professeur de sciences, qui deviendra son épouse en 1951. Pianiste de grand talent, passionné de Brahms, Reger et Schumann, Gunnar Norrman embrasse in fine la carrière d’artiste au début des années 30. Après la peinture, il se tourne exclusivement vers le dessin et l’estampe dont il deviendra un maître. Ses premières expositions en Suède remontent au milieu des années 30. Présentes sur tous les continents, elles ne cesseront qu’à la disparition de l’artiste en 2005. Avec plus de 1000 œuvres et 15000 éditions, l’œuvre de Gunnar Norrman doit beaucoup au précieux concours d'Ulla qui travaillait l’encre, les papiers, et l’impression. Le couple voyage et réside notamment en France sur la côte Atlantique. Au début des années 80, l’artiste expose au Japon ainsi qu’à New-York à la Galerie Fitch-Febvrel qui produira en 2003 le catalogue raisonné de l’artiste. A ces dates, le Metropolitan Museum of Art acquière certaines œuvres. Il sera suivi dans les années 90 par le British Museum.      


Lors de l’exposition en 1986 des œuvres de Gunnar Norrman dans la galerie parisienne Claude Bernard, le poète Paul De Roux écrira : « Avec du gris, du blanc, du noir, le rayonnement. Des arbres, une nappe d’eau qui réfléchit presque imperceptiblement la lumière. C’est un univers souvent aquatique. Parfois crépusculaire : est-ce pour que la lumière, ténue, n’y apparaisse que plus précieuse ? (…). Des dessins, des peintures qui sont des formes de  prières. Alors ils demandent de celui qui les regarde un effort de contemplation, à tout le moins une certaine disposition d’esprit. Mais c’est ce même effort qui est demandé par un arbre et auquel le dessinateur a consenti. »


Gunnar Norrman aura laissé une œuvre profonde à l’humilité précieuse. L’artiste qui fit, telle une marque de dépouillement, le choix du dessin et de l’estampe, représenta une nature vierge et calme aux confins d'un monde onirique. Celle des horizons lointains des rivages de la Scanie, celle plus primaire, du monde végétal. Dans un entretien de novembre 1985 à Jean Paget*, l’artiste évoquait son attachement à la nature en ces termes : « Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Quelque chose d’infiniment petit. La nature est extraordinaire et la présence de l’homme très relative. Il existe une mémoire des saisons plus fortes que celle de l’homme. » Dans d’infinies nuances d’anthracite, le vide des scènes n’est qu’apparence et cette ascèse picturale nous renvoie silencieusement à ce que nous sommes et à nos aspirations. Il s’agit bien comme le dit avec justesse Paul De Roux, d’une œuvre à l’esthétisme religieux proche de l’art et de la sagesse chinoise que l’artiste affectionnait.


A l’âge de 93 ans et après pas moins de 63 années d’exposition, ce grand dessinateur et lithographe suédois  s’éteindra dans sa ville natale de Malmö. Son épouse Ulla le rejoint en 2012.  


* : In Gunnar Norrman, Galerie Claude Bernard, presse Tryckeriteknik AB, Malmö, Suède. 1986  

1 commentaire:

Jesse Hamm a dit…

One of my favorite artists! I'm so happy to see him profiled here; he should be better known.

I own the Fitch-Febvrel book and it's amazing; I recommend it.