Gunnar NORRMAN est né en 1912 à
Malmö. Il suit des études de botaniste et de chimie à l’Université de Lund et
s’installe dans la petite ville côtière limitrophe de Lomma. C’est à
l’université qu’il rencontre Ulla Sylvén (1919 - 2012), fille de son professeur
de sciences, qui deviendra son épouse en 1951. Pianiste de grand talent,
passionné de Brahms, Reger et Schumann, Gunnar Norrman embrasse in fine la
carrière d’artiste au début des années 30. Après la peinture, il se tourne exclusivement
vers le dessin et l’estampe dont il deviendra un maître. Ses premières
expositions en Suède remontent au milieu des années 30. Présentes sur tous les
continents, elles ne cesseront qu’à la disparition de l’artiste en 2005. Avec
plus de 1000 œuvres et 15000 éditions, l’œuvre de Gunnar Norrman doit beaucoup au précieux concours d'Ulla qui travaillait l’encre, les papiers,
et l’impression. Le couple voyage et réside notamment en France sur la côte
Atlantique. Au début des années 80, l’artiste expose au Japon ainsi qu’à New-York
à la Galerie Fitch-Febvrel qui produira en 2003 le catalogue raisonné de
l’artiste. A ces dates, le Metropolitan Museum of Art acquière certaines œuvres.
Il sera suivi dans les années 90 par le British Museum.
Lors de l’exposition en 1986 des
œuvres de Gunnar Norrman dans la galerie parisienne Claude Bernard, le poète
Paul De Roux écrira : « Avec du gris, du blanc, du noir, le rayonnement. Des
arbres, une nappe d’eau qui réfléchit presque imperceptiblement la lumière.
C’est un univers souvent aquatique. Parfois crépusculaire : est-ce pour
que la lumière, ténue, n’y apparaisse que plus précieuse ? (…). Des
dessins, des peintures qui sont des formes de
prières. Alors ils demandent de celui qui les regarde un effort de
contemplation, à tout le moins une certaine disposition d’esprit. Mais c’est ce
même effort qui est demandé par un arbre et auquel le dessinateur a
consenti. »
Gunnar Norrman aura laissé une
œuvre profonde à l’humilité précieuse. L’artiste qui fit, telle une marque de
dépouillement, le choix du dessin et de l’estampe, représenta une nature vierge et calme aux confins d'un monde onirique. Celle des horizons lointains des rivages
de la Scanie, celle plus primaire, du monde végétal. Dans un entretien de
novembre 1985 à Jean Paget*, l’artiste évoquait son attachement à la nature en
ces termes : « Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Quelque
chose d’infiniment petit. La nature est extraordinaire et la présence de l’homme
très relative. Il existe une mémoire des saisons plus fortes que celle de l’homme. »
Dans d’infinies nuances d’anthracite, le vide des scènes n’est qu’apparence et
cette ascèse picturale nous renvoie silencieusement à ce que nous sommes et à
nos aspirations. Il s’agit bien comme le dit avec justesse Paul De Roux, d’une
œuvre à l’esthétisme religieux proche de l’art et de la sagesse chinoise que l’artiste
affectionnait.
A l’âge de 93 ans et après pas
moins de 63 années d’exposition, ce grand dessinateur et lithographe suédois s’éteindra dans sa ville natale de Malmö. Son
épouse Ulla le rejoint en 2012.
* : In Gunnar Norrman, Galerie Claude Bernard, presse Tryckeriteknik AB, Malmö, Suède. 1986
1 commentaire:
One of my favorite artists! I'm so happy to see him profiled here; he should be better known.
I own the Fitch-Febvrel book and it's amazing; I recommend it.
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