
jeudi 1 novembre 2018
Amédée Julien MARCEL-CLÉMENT (1873 - ?)

Libellés :
Amédée Julien MARCEL-CLÉMENT,
Ecole Française
mardi 21 août 2018
Regards croisés : La barque
Il est naturel que les plus beaux et les plus grands navires soient si représentés dans la peinture. Les galions, les clippers et les lourds cuirassés nés au milieu du XIXème symbolisaient la fierté des états, de leur marine et des grandes compagnies maritimes qui participèrent du XVème au XXème à la conquête des océans et de nouveaux continents. L’iconographie maritime est également riche de ces grandes batailles navales qui jalonnèrent l’histoire du monde et dont les noms, tels Lépante, Chesapeake ou Trafalgar restent gravés dans nos mémoires.
Parfois de commande et empreintes d’académisme, les œuvres d’art faisaient alors du navire ou de la bataille leur sujet principal en occultant les marins et leurs vies à la dureté sans égale. Le XIXème bouleverse la peinture maritime en lui donnant une dimension humaine. Celle des gens de mer et de leur famille que de nombreux peintres illustreront avec considération et respect sans recherche d’exotisme ou de pittoresque. Dans cette peinture du réel, le rivage, les plages, le port et ses quais deviendront les sujets vivants d’un monde maritime en pleine évolution.
Dans cette iconographie naissante propre au réalisme, la barque qu’elle fut une yole, un canot, une prame ou un doris, tint une place grandissante dans les œuvres des marinistes de tous les pays. Ce bateau dont le point commun est d’être de petite taille et parfois l’annexe des plus grands, était le symbole parfait de cette vie maritime que les peintres souhaitaient illustrer. Accoster, débarquer, avitailler, pêcher, traverser les ports et les rias à l’instar des Treizour de la cité bretonne de Douarnenez, ou simplement, flâner au gré des flots au seul bruit des avirons,… autant de traits d’union entre la terre et la mer qu’assuraient ces bateaux si proches des hommes.
Sans égaler le canot d’apparat de Napoléon 1er, ces barques en dépit de leur taille reflétaient tout le talent des charpentiers de marine : yole de Ness ou de Bantry, bordages à franc-bord ou à clins, gréements au tiers ou de Bourcet-malet… Chaque barque, flobart de la côte d’Opale, vaquelotte du Cotentin ou canot misainier breton, était l’expression d’une profonde culture maritime. Ce patrimoine reste toujours vivant grâce au travail de nombreuses associations, chantiers navals et passionnés.
La barque est également indissociable du fleuve et de la rivière où son absence de tirant d’eau rendait plus aisée la navigation et l’échouage. L’âge d’or du canotage se situera paradoxalement loin de la mer sur les bords de la Seine puis ceux de la Marne. En cette fin de XIXème, la traditionnelle barque à fond plat va progressivement s’effacer au profit des sports nautiques où des canots et des voiliers vont s’affronter en régates. Les premières sociétés et cercles nautiques apparaissent. Asnières, Argenteuil, Chatou vont devenir les havres de l’impressionnisme illustrés dans les célèbres toiles de Claude Monet (1840 - 1926), d’Auguste Renoir (1841 - 1919) ou d’Alfred Sisley (1839 - 1899).
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Roastbeef, Gustave CAILLEBOTTE |
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Madame, Guy de Mautpassant |
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Sur la rivière : Matinée, Montreuil-Bellay, Huile sur toile 1896 Henri LE SIDANER (1862 - 1939) |
Fragile par sa taille mais aux solides bordés de bois, la barque illustrera sous la palette des peintres du XIXème tous les moments de vie. Ceux des jours heureux tout d’abord, lorsque le temps s’arrête et que, sous des cieux apaisés, les barques et les hommes glissent en paix sur les flots.
Henri LE SIDANER (1862 - 1939) nous offre un très beau témoignage dans cette composition originale de 1896. L’artiste y fait figurer dans la lumière du matin, une de ses sœurs revêtue de ce qui semble être sa robe mariale descendant la rivière Thouet à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire. Tout ici concourt au calme et à la sérénité. Des sentiments que l’on éprouve également face à cette œuvre du peintre finlandais Albert GEBHARD (1869 - 1937) où du haut d’une butte, l’artiste illustre une femme ramant seule dans la douceur du couchant.
Henri LE SIDANER (1862 - 1939) nous offre un très beau témoignage dans cette composition originale de 1896. L’artiste y fait figurer dans la lumière du matin, une de ses sœurs revêtue de ce qui semble être sa robe mariale descendant la rivière Thouet à Montreuil-Bellay dans le Maine-et-Loire. Tout ici concourt au calme et à la sérénité. Des sentiments que l’on éprouve également face à cette œuvre du peintre finlandais Albert GEBHARD (1869 - 1937) où du haut d’une butte, l’artiste illustre une femme ramant seule dans la douceur du couchant.
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Kvällsrodd, Huile sur panneau Albert GEBHARD (1869 - 1937) |
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Huile sur toile Olof ARBORELIUS (1842 - 1915) |
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Kapprodd, Aquarelle 1886 Anders ZORN (1860 - 1920) |
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La petite barque, Huile sur bois 1895 Émile FRIANT (1863 - 1932) |
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Harald SLOTT-MØLLER (1864 - 1937) |
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Fisker bøder garn, Dessin sur papier 1874 Simon SIMONSEN (1841 - 1926) |
Ce calme de la mer est néanmoins tout à fait relatif comme le suggère cette autre œuvre du peintre Oscar MATTHIESEN (1861 - 1957) où grondent au large des côtes danoises, la tempête et l’orage. Une confrontation de l’homme et des éléments que Peder Severin KRØYER (1851 - 1909) saisira parfaitement dans une peinture de 1885 où il capte dans les visages des marins la tension d’un accostage sur la plage de Skagen. La mer peut être d’une cruauté sans égale et son ami Carl LOCHER (1851 - 1915) l’évoque sans doute avec cette barque battue par le ressac un jour de tempête sur ces mêmes côtes du nord du Jutland.
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Peder Severin KRØYER (1851 - 1909) |
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Carl LOCHER (1851 - 1915) |
Cette vulnérabilité de l’homme dans l’univers hostile de la mer est particulièrement présente dans l’œuvre de l’artiste américain Winslow HOMER (1836 - 1910). Il l’illustrera par ces doris ballotés par la houle, notamment dans cette toile de 1885 représentant des pêcheurs perdus sur les grands bancs. Il n’était pas rare dans cette pêche hauturière à la morue que les doris mis à l’eau disparaissent corps et âme victimes des courants, des brumes ou même d’une surcharge de poissons.
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Lost on the Grand Banks, Huile sur toile 1885 Winslow HOMER (1836 - 1910) |
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On the Suffolk coast, Huile sur toile 1885 Williard LEROY METCALF (1858 - 1925) |
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Huile sur toile 1882 James CLARKE HOOK (1819 - 1907) |
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On the Thames, Huile sur toile Eugène-Laurent VAIL (1857 - 1934) |
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Fiskerdreng i båd på stranden, Huile sur toile 1874 Laurits TUXEN (1853 - 1927) |
Mais la barque reste pour la majorité des artistes une invitation au voyage, à quitter la terre et devenir l’instant de quelques heures un homme libre ou un marin. Échouée sur une plage ou bercées par les flots comme dans ces œuvres de l’artiste suédoise Agda NAESMAN-NORDSTRÖM (1874 - 1934), du peintre français Tony ROBERT-FLEURY (1837 - 1911) ou du finlandais Väinö HÄMÄLÄINEN (1876 - 1940), la barque à compter du XIXème ne sera plus un simple élément de décor dans la peinture de genre.
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Stockevik, 1919 Agda NAESMAN-NORDSTRÖM (1874 - 1934) |
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Tony ROBERT-FLEURY (1837 - 1911) |
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Väinö HÄMÄLÄINEN (1876 - 1940) |
samedi 14 juillet 2018
Regards Croisés : Les pins
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Etude pour le tronc d'un orme, huile sur papier circa 1821
John CONSTABLE (1776 - 1837)
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John CONSTABLE (1776 - 1837) réalise vers 1821, sa célèbre Etude pour le tronc d’un orme. Dans cette peinture de petite taille*, l’artiste illustre l’écorce rugueuse et fissurée de l’arbre avec une précision stupéfiante. A l’instar d’un photographe, le peintre zoome sur le tronc qui devient l’unique sujet de son œuvre. Cette composition réaliste bouscule le naturalisme où prédominaient jusqu’à présent les représentations sylvestres. Souvent relégué à un simple élément de décor à la précieuse verticalité, l’arbre va devenir à compter de ce début de XIXème un sujet autonome dans l’expression artistique des peintres.
Plus que toutes autres espèces, le pin attira le regard des artistes avec son tronc rougi et ses branches dénudées par le vent et le sel. Assommé de chaleur en Méditerranée ou courbé par les tempêtes de l’Atlantique, il défie les éléments et le temps. Avec son port altier lorsqu’il est sylvestre ou râblé et combatif lorsqu’il est maritime, le pin reste cet arbre austère, dénué des fleurs et des feuilles qui font la noblesse de ses cousins. Les peintres nordiques seront de fréquents illustrateurs de ces vigies du littoral et de leurs frères sylvestres ployant sous les neiges épaisses de l’hiver. Quoi de plus logique que cet arbre, fier, malgré sa maigreur et sa fragilité apparente, soit si représenté dans l’iconographie naturaliste. Comme l’évoque Théophile Gautier (1811 – 1872) dans son poème Le pin des Landes, n’est-il pas pour le poète ou l’artiste une sorte double végétal résistant avec détermination à la rudesse des grands espaces ?
![]() Bruno LILJEFORS (1860 - 1939) |
Gotska Sandön, lithographie 1922
Alfred ENGSTRÖM (1869 - 1940)
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Koli, fresque 1911
Eero JÄRNEFELT (1863 - 1937)
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Eero JÄRNEFELT (1863 - 1937) |

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Eero JÄRNEFELT (1863 - 1937) |
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Raymond RENEFER (1879 - 1957) |
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André DAUCHEZ (1870 - 1948) |
L’artiste français Raymond RENEFER (1879 - 1957) exprime parfaitement dans ce fusain la vaillance des pins que rien ne protège. L’artiste adopte une vue en contre plongée qui accentue la grandeur et la solitude de ces arbres perdus dans la lande. Des troncs nus et tortueux surplombés de ramages ajourés que l’on retrouve également dans une eau forte réalisée en Cornouaille par l’artiste André DAUCHEZ (1870 - 1948).
Ces images de landes désolées balayées par le vent font intimement partie de l’iconographie bretonne. Ernest GUÉRIN (1887 - 1952) dans cette aquarelle intitulée Soir d’hiver en Bretagne nous en livre un très beau témoignage. Dans une immensité de lande, trois personnages marchent en luttant contre le vent. L’artiste joue sur les échelles pour magnifier le ciel et ses imposants nuages. Trois pins aux troncs sinueux viennent compléter la scène et soulignent la petitesse des hommes confrontés à cette nature sauvage.
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Soir d'hiver en Bretagne, Aquarelle sur papier Ernest GUÉRIN (1887 - 1952) |
A l’été 2017, quelques 150 œuvres de l’atelier de l’artiste Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) furent mises aux enchères avec succès. Cet artiste autodidacte né en 1883 s’établit dans les années 20 à Hossegor dans les Landes. Les grandes forêts de pins furent au cœur de son œuvre et feront de lui assurément le peintre attitré de la forêt landaise. L’artiste exprimera sa fascination pour ces arbres dans une multitude de styles allant du réalisme le plus marqué au symbolisme japonisant. Dans les années 30, il créera avec la manufacture Henriot de Quimper des faïences où figuraient ces pins maritimes qui lui furent si chers.
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Le lac d'Hossegor, Huile sur toile vers 1900 - 1910 Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
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Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
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Pins parasols, Encre et fusain sur papier Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
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Pins maritimes, Faïence Henriot 1933 - 1936 Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
Enfin, comment ne pas conclure par ces artistes qui à l’aube du XIXème redéfinirent l’art dans de nouveaux modes de représentation qui bousculaient l’espace, la perspective et la couleur. Le pin, le rivage, la mer devenaient sous leurs pinceaux des formes cloisonnées aux aplats de couleurs inattendues visant à suggérer et non plus décrire. Jean Francis AUBURTIN (1866 -1930) dans un style japonisant aux formats horizontaux représentait les pins du Cap Myrtes à la Croix-Valmer et ceux d’Erquy devant des plages et des côtes parées de rose et de vermillon. Le Nabi, Maurice DENIS (1870 - 1943) produisait en 1894 dans des bleus guède et céruléen Les Pins à Loctudy tandis que son ami, Georges LACOMBE (1868 - 1916) peignait à la même époque Les Pins rouges. Autant d’œuvres à la simplicité fascinante pour célébrer cet arbre des grands espaces.
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Les grands pins du Cap Myrtes, Gouache Jean Francis AUBURTIN (1866 - 1930) |
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Silhouettes de pins à Erquy, Gouache Jean Francis AUBURTIN (1866 - 1930) |
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Les pins à Loctudy, Huile sur toile 1894 Maurice DENIS (1866 - 1930) |
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Les pins rouges, Huile circa 1894 - 1895 Georges LACOMBE (1868 - 1917) |
* : dimensions de 30,6 x 24,8 cm.
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