Etude pour le tronc d'un orme, huile sur papier circa 1821
John CONSTABLE (1776 - 1837)
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John CONSTABLE (1776 - 1837) réalise vers 1821, sa célèbre Etude pour le tronc d’un orme. Dans cette peinture de petite taille*, l’artiste illustre l’écorce rugueuse et fissurée de l’arbre avec une précision stupéfiante. A l’instar d’un photographe, le peintre zoome sur le tronc qui devient l’unique sujet de son œuvre. Cette composition réaliste bouscule le naturalisme où prédominaient jusqu’à présent les représentations sylvestres. Souvent relégué à un simple élément de décor à la précieuse verticalité, l’arbre va devenir à compter de ce début de XIXème un sujet autonome dans l’expression artistique des peintres.
Plus que toutes autres espèces, le pin attira le regard des artistes avec son tronc rougi et ses branches dénudées par le vent et le sel. Assommé de chaleur en Méditerranée ou courbé par les tempêtes de l’Atlantique, il défie les éléments et le temps. Avec son port altier lorsqu’il est sylvestre ou râblé et combatif lorsqu’il est maritime, le pin reste cet arbre austère, dénué des fleurs et des feuilles qui font la noblesse de ses cousins. Les peintres nordiques seront de fréquents illustrateurs de ces vigies du littoral et de leurs frères sylvestres ployant sous les neiges épaisses de l’hiver. Quoi de plus logique que cet arbre, fier, malgré sa maigreur et sa fragilité apparente, soit si représenté dans l’iconographie naturaliste. Comme l’évoque Théophile Gautier (1811 – 1872) dans son poème Le pin des Landes, n’est-il pas pour le poète ou l’artiste une sorte double végétal résistant avec détermination à la rudesse des grands espaces ?
Bruno LILJEFORS (1860 - 1939) |
Gotska Sandön, lithographie 1922
Alfred ENGSTRÖM (1869 - 1940)
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Koli, fresque 1911
Eero JÄRNEFELT (1863 - 1937)
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Eero JÄRNEFELT (1863 - 1937) |
Eero JÄRNEFELT (1863 - 1937) |
Raymond RENEFER (1879 - 1957) |
André DAUCHEZ (1870 - 1948) |
L’artiste français Raymond RENEFER (1879 - 1957) exprime parfaitement dans ce fusain la vaillance des pins que rien ne protège. L’artiste adopte une vue en contre plongée qui accentue la grandeur et la solitude de ces arbres perdus dans la lande. Des troncs nus et tortueux surplombés de ramages ajourés que l’on retrouve également dans une eau forte réalisée en Cornouaille par l’artiste André DAUCHEZ (1870 - 1948).
Ces images de landes désolées balayées par le vent font intimement partie de l’iconographie bretonne. Ernest GUÉRIN (1887 - 1952) dans cette aquarelle intitulée Soir d’hiver en Bretagne nous en livre un très beau témoignage. Dans une immensité de lande, trois personnages marchent en luttant contre le vent. L’artiste joue sur les échelles pour magnifier le ciel et ses imposants nuages. Trois pins aux troncs sinueux viennent compléter la scène et soulignent la petitesse des hommes confrontés à cette nature sauvage.
Soir d'hiver en Bretagne, Aquarelle sur papier Ernest GUÉRIN (1887 - 1952) |
A l’été 2017, quelques 150 œuvres de l’atelier de l’artiste Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) furent mises aux enchères avec succès. Cet artiste autodidacte né en 1883 s’établit dans les années 20 à Hossegor dans les Landes. Les grandes forêts de pins furent au cœur de son œuvre et feront de lui assurément le peintre attitré de la forêt landaise. L’artiste exprimera sa fascination pour ces arbres dans une multitude de styles allant du réalisme le plus marqué au symbolisme japonisant. Dans les années 30, il créera avec la manufacture Henriot de Quimper des faïences où figuraient ces pins maritimes qui lui furent si chers.
Le lac d'Hossegor, Huile sur toile vers 1900 - 1910 Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
Pins parasols, Encre et fusain sur papier Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
Pins maritimes, Faïence Henriot 1933 - 1936 Jean Roger SOURGEN (1883 - 1978) |
Enfin, comment ne pas conclure par ces artistes qui à l’aube du XIXème redéfinirent l’art dans de nouveaux modes de représentation qui bousculaient l’espace, la perspective et la couleur. Le pin, le rivage, la mer devenaient sous leurs pinceaux des formes cloisonnées aux aplats de couleurs inattendues visant à suggérer et non plus décrire. Jean Francis AUBURTIN (1866 -1930) dans un style japonisant aux formats horizontaux représentait les pins du Cap Myrtes à la Croix-Valmer et ceux d’Erquy devant des plages et des côtes parées de rose et de vermillon. Le Nabi, Maurice DENIS (1870 - 1943) produisait en 1894 dans des bleus guède et céruléen Les Pins à Loctudy tandis que son ami, Georges LACOMBE (1868 - 1916) peignait à la même époque Les Pins rouges. Autant d’œuvres à la simplicité fascinante pour célébrer cet arbre des grands espaces.
Les grands pins du Cap Myrtes, Gouache Jean Francis AUBURTIN (1866 - 1930) |
Silhouettes de pins à Erquy, Gouache Jean Francis AUBURTIN (1866 - 1930) |
Les pins à Loctudy, Huile sur toile 1894 Maurice DENIS (1866 - 1930) |
Les pins rouges, Huile circa 1894 - 1895 Georges LACOMBE (1868 - 1917) |
* : dimensions de 30,6 x 24,8 cm.
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