Il y a presque dix ans de cela nous évoquions en une courte note biographique le peintre François GUÉHO (1881 - 1951). L’orthographe même du nom de l’artiste était alors sujette à caution* et son parcours se résumait en quelques images de peintures réalistes produites en Bretagne. Une décennie plus tard, les différentes œuvres apparues lors des ventes aux enchères ont éclairé le parcours du peintre. Mais chose rare, c’est un livre écrit de sa main qui nous révèle l’intimité de l’homme. Le manuscrit La Pierre d’achoppement découvert par sa petite-fille dans un placard nous conte avec sensibilité et érudition le combat intérieur d’un jeune homme partagé entre sa foi et l’amour d’une femme dans le Paris de 1900. Non sans émotion, sa petite fille évoque son aïeul dans la préface de ce roman autobiographique écrit en 1914 : "Fils de petits artisans né à Malestroit (Morbihan) en 1881, très solitaire, mais d’une nature passionnée, la vocation religieuse naquit chez lui au début de l’adolescence, échappatoire à une vie médiocre qui ne répondait pas à ses aspirations. Il entra alors au séminaire de La Pietà, à Paris : études brillantes, il se distingue par son intelligence, son appétit de connaissances et sa foi intense. Arrive l’épreuve du « régiment » où ce jeune homme mystique, épris de pureté, va se trouver confronté à la vie hors du séminaire. C’est le récit autobiographique de La Pierre d’achoppement, un séminariste convaincu, découvrant qu’il est aussi un homme… Ayant renoncé au sacerdoce, il suivit une carrière sans éclat, une vie médiocre d’un homme qui a fait ses choix. Peintre brillant – comme dans tout ce qu’il entreprenait, il excellait –, il vendit quelques tableaux de son vivant, mais pour nourrir sa famille nombreuse, il dut accepter un petit poste de gratte-papier dans une entreprise, emploi qui le mena de Concarneau à Nantes, puis à Bordeaux où il mourut en 1951, renversé par une voiture en traversant la rue. Après la mort de ma mère (sa seconde fille) je dénichai ce document dont j’ignorais l’existence, en rangeant des placards. Il dormait sous une pile de livres, enfoui, oublié, plus ou moins rongé par les souris… Intriguée, je l’ai lu, découvrant un pan de la vie de mon grand-père dont je ne savais pas grand-chose. Grande lectrice de Bernanos et Mauriac, j’ai retrouvé beaucoup et du style et des tourments de ces deux écrivains. J’ai donc décidé de le confier à la Société des Écrivains qui a accepté de le publier. Cette initiative n’a rien d’intéressé : c’est simplement un hommage rendu à mon grand-père que j’admirais pour son érudition et sa gentillesse. L’ouvrage mérite d’être lu, mais surtout, il réhabilitera à mes yeux, un homme mal récompensé, de son vivant, de ses nombreux talents, en raison de choix de vie malheureux pour son bonheur personnel. C’est une reconnaissance posthume, en quelque sorte, du moins, tel est mon espoir." Souhaitons que cet appel soit entendu car l'oeuvre de François Guého, peintre mais aussi écrivain de talent, le mérite assurément.
* : nous hésitions alors
avec entre Guého et Guéno
La Pierre d'achoppement aux éditions Société des écrivains, janvier 2016.
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