Lionel FLOCH est né à Quimper en 1895. Son père, officier de marine travaille à la pose des câbles sous-marins transatlantiques pour l’administration des postes. La vocation artistique de Lionel Floch est sans doute née auprès de son professeur de dessin au Lycée de la Tour d’Auvergne à Quimper. Nous savons que l’artiste est mobilisé en 1914 à l’âge de 19 ans. Ces années de guerre marqueront l’homme dont on connaît le caractère antimilitariste. Il suit sa formation artistique auprès du peintre fondateur de l’école de Concarneau, Théophile Deyrolle (1844 - 1923), ancien élève de Cabanel et Bougereau.
Ne vivant pas de son art, Lionel Floch sera receveur de l’Enregistrement dans la ville de Pont-Croix dès 1923. Très attaché à cette région du Cap Sizun, il y restera pas moins de vingt-cinq ans. Lionel Floch sera proche de l’homme de lettres Max Jacob avec qui il entretiendra une correspondance fournie. Au début des années 30, il se marie avec Suzanne. A la même époque, il devient également l’ami de Jean Moulin alors sous-préfet à Châteaulin, et artiste lui même. Il les représentera dans les beaux portraits ci-dessous. Nous imaginons la tristesse de l’artiste à la disparition de ses amis. Jean Moulin décède en 1943 dans un train pour l’Allemagne tandis que Max Jacob meurt en déportation l’année suivante dans le camp de Drancy.
La Route des Peintres en Cornouaille* nous apprend que l’homme n’est pas un mondain. Trop entier, il n’est pas apprécié de tous ; excessif et coléreux, il est aussi pudique et timide. Peintre engagé, il n’apprécie que peu l’Eglise et De Gaulle dont il qualifiera la société "de monarchie facilement imposée (…) à un peuple aveuli et crétinisé par le Tiercé, les sports et le cléricalisme".
La peinture de Lionel Floch est à l’image de l’homme, faite de rudesses, illustrant dans des tons graves la vie des hommes et femmes de Cornouaille. Influencé par Lucien Simon (1861 - 1945), son oeuvre s'inscrit dans celle des artistes de la Bande noire. Lionel Floch sera également un graveur et dessinateur de talent. Il aborde la peinture abstraite dans les années 50 mais reste un peintre essentiellement figuratif. Il s’éteint en 1972. Une rétrospective de son oeuvre est réalisée en 2007 par le Musée Bigouden de Pont-l'Abbé et la Maison Commune de Pont-Croix .
* : La Route des Peintres en Cornouaille 1850 - 1950, Groupement Touristique de Cornouaille, juin 1998.