samedi 29 septembre 2012

Charles Auguste EDELMANN (1879 - 1950)



   En 1926, le critique Gaston Varenne dans La Renaissance de l’Art Français et des Industries de Luxe relate l’exposition parisienne de Charles Auguste EDELMANN  à la Galerie Danthon en ces termes : « Je goûte surtout dans l’œuvre de Ch-A. Edelmann ses panneaux décoratifs, ses arquelinades ou ses masques toujours savamment composés. Il vient d’exposer chez Danthon, une soixantaine de toiles et d’excellents dessins qui classent cet artiste très doué et naturellement élégant parmi les bons « symphonistes » de sa génération. Ses nus sont enlevés avec une remarquable aisance et c’est sans doute de son admirable facilité que Ch.-A. Edelmann doit le plus se méfier s’il veut que ses moyens exceptionnels le conduisent à l’œuvre de style que nous attendons de lui ». Si l’on sourit à la lecture de cette conclusion qui ramène l’artiste au rang d’écolier, son auteur a très bien perçu les qualités et le rang du peintre.


Originaire d’Alsace, Charles Auguste Edelmann aura dans sa carrière traité tous les sujets, du nu aux natures mortes, du portrait au paysage. Il aura manié toutes les techniques et supports, travaillant l’huile, le pastel, l’aquarelle, le dessin. Peintre, il fut également graveur et un illustrateur particulièrement prolifique. Ce mélange des genres pourrait-on dire, fut peut-être un frein à sa renommée, et comme de nombreux artistes de l’entre-deux-siècles, Charles Auguste Edelmann laisse une œuvre confidentielle, talentueuse, et le terme du critique est juste, "élégante".


L’artiste naît en 1879 à Soultz-Sous-Forêts dans le Bas-Rhin. Son éducation, apprend-on, fut rigide. Peut-être fit-elle naître cette attirance pour la création artistique ? Charles-Auguste débute sa carrière auprès de Diogène Maillart (1840 - 1926), puis auprès du grand Jean-Léon Gérôme (1824 - 1904) et de Ferdinand Humbert (1842 - 1934). Fort de ce solide apprentissage, il expose néanmoins assez tardivement au Salon à compter de 1909. Bien que devenu parisien, l’artiste ne délaisse pas sa région où il expose régulièrement. Il devient sociétaire des artistes français en 1912 mais la guerre le rattrape avec la mobilisation générale d’août 1914. Charles Auguste Edelmann se marie à Jeanne Alexandrine avant d’être incorporé. Après quatre années de guerre, devenu lieutenant, il sera fait Chevalier de la Légion d‘honneur pour faits d'armes.


De retour à la vie civile, il devient le portraitiste de la femme urbaine et moderne. Ses croquis de nus comme ses natures mortes sont d’une grande maîtrise. L’Art et les Artistes écrit en 1932 : « Modelés, gracieux, dessinés avec aisance dans la lumière et les reflets, sont les nus de Ch.-A. Edelmann, ses natures mortes sont fermes dans un coloris fin et atténué ; la pâte, délicate, est belle. » Les acquisitions de l'État dans les années 20 seront régulières et viendront orner des lieux prestigieux : Palais de l'Élysée, Chambre des députés et ambassades.




Les paysages de l’artiste plus tardifs et rares, feront dire à l’écrivain Francis de Miomandre dans un long article dédié au peintre : « Lui ferais-je un reproche ? Il est doué merveilleusement pour le paysage et il n’en a presque pas fait. Les quelques rares études que j’ai vues de lui (site de Bretagne, de Normandie, de Provence) sont d’une largeur, d’une puissance, et d’une simplicité peu communes. ». L’artiste aura été l'illustrateur de nombreux ouvrages de grands écrivains (Balzac, Musset, Courteline, Kessel, Wilde). Il s’éteint en novembre 1950 à Paris à l’âge de 71 ans.


NB : nous vous recommandons en complément la lecture du site consacré à Charles-Auguste Edelmann http://charlesaugustedelmann.jimdo.com/

dimanche 2 septembre 2012

Carl BRANDT (1871 - 1930)

  

   Carl BRANDT naît le 14 février 1871 à Locketorp en Suède. Son père est tailleur et a priori rien ne prédestine le jeune Carl à la peinture. Sa vocation paraît néanmoins solidement établie puisqu’après s’être formé adolescent, il s’installe comme peintre de métier à tout juste 18 ans dans la ville d’Örebro. Né Svensson, il prend alors le nom d’artiste de Carl Brandt. Il travaille l’huile mais aussi l’aquarelle et le pastel et se marie en 1894 à Ida Rudbeck. Son épouse est issue de l’aristocratie et elle lui ouvre sûrement les portes d’une certaine notoriété. Le couple adopte un fils en 1898 et après quelques déménagements s’installe à Filipstad. Le peintre devient un paysagiste réputé.
 

A compter de 1904, Carl Brandt travaille pour plusieurs éditeurs de cartes postales. Avec plusieurs millions d’exemplaires en circulation, l’édition de cartes est à son apogée et l'artiste produira près de 200 dessins sous différents formats.


Ida décède en 1910 et Carl change alors de vie. Sans son fils, il part s’installer à Stockholm et épouse à 39 ans, la jeune Axelina Karlsson Söderber, onze ans plus jeune. En 1924, le couple s’installe dans une belle villa du quartier d’Hässelby Villastad à Stockholm conçue par l’artiste verrier Simon Gate (1883 - 1945).  Six ans plus tard en 1930, Carl Brandt y décède d’une complication biliaire. Sa veuve revendra la maison quelques années plus tard pour s’installer à Landskrona dans le sud de la Suède.

Peintre nordique, Carl Brandt illustre avec maestria des paysages où un soleil couchant bleuit la neige et fait rougir les pins. L’artiste sera également un mariniste talentueux. Dans toutes ses œuvres, le peintre fixe l’instant, celui où la lumière embellit la nature et crée ces atmosphères délicates aux confins d’un certain romantisme. Carl Brandt laisse une œuvre méconnue qui trouve néanmoins toute sa place dans l’impressionnisme suédois.   


NB : l’artiste est souvent confondu avec Carl Ludwig Brandt (1831 - 1905), artiste allemand ayant émigré aux Etats-Unis en 1852.

samedi 1 septembre 2012

Museum without walls


   À l’initiative de la Public Catalogue Fondation et de la BBC, le recensement de l’intégralité des peintures à l’huile des collections publiques du Royaume-Uni est en cours. Ce sont à terme quelques 200 000 œuvres sur 700 années de création qui seront accessibles en ligne. L’école anglaise y est bien évidemment prédominante mais elle côtoie de nombreux artistes internationaux et français en particulier. Citons Charles Saumarez Smith, ancien directeur de la National Gallery et actuel Directeur de la Royal Academy of Arts, qui dit de ce projet : « It is the ultimate realisation of André Malraux’s dream of a Museum without walls. »

lundi 11 juin 2012

Maurice HAGEMANS (1852 - 1917)


  
   Maurice HAGEMANS est né le 27 août 1852 dans une famille riche et cultivée de Liège en Belgique. Passionné d’archéologie, son père Gustave Hagemans (1830 - 1908) est un égyptologue réputé et un grand collectionneur d’antiquités. Homme de lettres, il illustre de sa main ses ouvrages et articles. C’est à n’en pas douter auprès de son père que son fils Maurice trouvera sa vocation d’artiste. Gustave Hagemans fréquente Félicien Rops (1833 -1898). Ils partent ensemble en 1874 vers les pays nordiques accompagnés des deux fils de Gustave ; Maurice et Paul alors âgés de 22 et 21 ans. Camille Lemonnier (1844 -  1913) dans son livre de 1908, Félicien Rops, l’homme et l’artiste, nous relate ce voyage : « Rops qui, à travers l'art le plus actif, trouvait le temps d'écrire chaque jour une dizaine de lettres qui parfois avaient la longueur d'un chapitre de livre, trouva, par surcroît, le temps de faire de la copie comme un véritable homme de lettres. De Copenhague, en 1874, il envoie à l'Indépendance Belge les premiers articles d'une narration qu'il continue pendant près de deux mois. Avec un ami, Gustave Hagemans, député et savant homme, il était parti assister là-bas à un Congrès d'archéologie. Ensemble ils avaient suivi les séances, vu les Thorvaldsen, visité les fameuses cuisines préhistoriques (Koekkenmoedding), (…) et c'est pour lui l'occasion d'une verve amusée et toujours renseignée. M. Hagemans était accompagné de deux de ses fils. L'un, Maurice, qui devait devenir un peintre brillant, faisait alors son stage d'art. La vie, entre un père qui lui aussi écrivait et un jeune homme qui s'essayait à manier de la couleur, fut plus occupée qu'aventureuse. » C’est sans doute à l’issue de ce voyage que Maurice Hagemans expose pour la première fois à Bruxelles en 1875.


Maurice Hagemans rejoint la colonie d’artistes d’Anseremme où il résidera quelques années. Le village situé au confluent de la Meuse et la Lesse est un lieu de villégiature prisé où se retrouvent de nombreux artistes et écrivains. A l’égal d’Argenteuil, le lieu est propice au canotage que pratique Félicien Rops*. On le voit assis à gauche en maillot rayé sur ces deux photos de la colonie dans les années 80. En février 1879, Maurice Hagemans y épouse Marie Bricard (1865 - 1924). Le couple aura sept enfants dont deux deviendront des artistes de renom : Paul (1884 - 1959) et Germaine (1897 - 1985).


La famille réside à Anvers de 1884 à 1887 où l’artiste peint des marines. Maurice Hagemans se tourne vers l’aquarelle qui aura dès lors sa préférence. Il l’évoque en ces termes dans une lettre érudite : «Mon cher ami, Vous voulez bien me demander mon opinion sur le caractère que « doit » présenter l’aquarelle. Mon avis est qu’il convient de laisser à l’artiste la plus grande latitude sur le choix des moyens à employer pour arriver à produire une œuvre « d’artiste ». Que m’importe la « cuisine » du métier, si le résultat obtenu me séduit et m’émeut ? Les pimpantes et papillotantes machinettes des Italiens nous horripilent, en dépit ou plutôt à cause de leur habileté simiesque. C’est ce qu’un Vingtiste de nos amis appelait spirituellement : la patrouille turque de l’Art. Certes, plus gauches, plus tripotées, plus fatiguées, les aquarelles des maîtres hollandais, tels que Maris, Mauve, Israëls, etc., nous empoignent et nous charment délicieusement. Conclusion : mieux vaut fatiguer son papier que son public. A vous bien cordialement".


Maurice Hagemans illustre dans de nombreuses scènes champêtres la vie des gardiens et de leurs troupeaux. Si l’eau reste présente dans ses œuvres, c’est l’animal qui y tient une place particulière. Au-delà d’un simple naturalisme, l’artiste nous fait sentir dans ses compositions toute l’affection qu’il porte aux bêtes.


A partir de 1887, Maurice Hagemans devient  membre de la Société des Aquarellistes Belges. Il est le co-fondateur un an plus tôt de L'Art Indépendant. Son succès est grandissant et en 1892, le roi Léopold II lui passe commande de quatre panneaux pour le chateau d'Ardenne. L'artiste décède en 1917 à l’âge de 65 ans. Maurice Hagemans repose avec son épouse au cimetière d’Ixelles.


* : Il sera le président de du Cercle nautique de Sambre et Meuse à Namur entre 1862 et 1869.

samedi 11 février 2012

Alexandre NOZAL (1852 - 1929)


   
    Alexandre NOZAL est né le 7 août 1852 à Neuilly-sur-Seine. Il est l’élève d’Henri Harpignies (1819-1916) et d’Evariste-Vital Luminais (1821 - 1896). C’est sans doute ce dernier qui lui fera découvrir les paysages de la Brenne dans le Berry, sujet de sa première toile présentée au Salon en 1876. Il y gravira tous les échelons avec des médailles de 3ème et 2ème classe (1882, 1883), une médaille de bronze à l’Exposition Universelle de 1889, puis une médaille d’argent l’année suivante. Peintre et pastelliste, Alexandre Nozal illustre avec des touches impressionnistes les bords de mer de Bretagne et Normandie. Avec Emile Bernard (1868 - 1941), il sera le peintre de Saint-Briac où il oeuvrera pendant près de 40 ans.


Guillaume Apollinaire dira de lui : M. Alexandre Nozal a des dons certains et sait s’en servir, ses Falaises d’Étretat, ses Pins sont de bons paysages, un peu dramatiques. Les critiques sont partagées face à ses œuvres colorées. Certains soulignent leur délicatesse infinie, les autres dénoncent leurs excès et les effets dans un bariolage plus ou moins bizarre et capricieux, d'œuvres perdant en correction ce qu'elles gagnent en éclat (Léon de Veyran, Peintres et Dessinateurs de la mer : histoire de la peinture de marine, 1901). A côté de ses sujets maritimes ou lacustres, Alexandre Nozal peindra aussi la montagne. Il présidera d’ailleurs de 1907 à 1929 la Société des Peintres de Montagne (SPM).

L'artiste est fait chevalier de la légion d’honneur en 1895. Son frère Léon, riche négociant en métaux, lui fera construire en 1911 un hôtel particulier donnant sur la Seine à Paris par l’architecte Charles Blanche (1863 -1937). En hauteur, telle une lanterne de phare, la loggia abritait l'atelier du peintre (photo ci-dessous). L'hôtel est toujours visible dans le XVIème arrondissement. Sa carrière accomplie, Alexandre Nozal y décèdera en 1929 à l’âge de 77 ans. Ayant bénéficié d'un leg de la famille de l'artiste, le Musée départemental de l'Oise expose aujourd'hui de nombreuses oeuvres du peintre.