mercredi 10 décembre 2014

Regards croisés : Le Vent


   
   Dans cette oeuvre, le peintre allemand Hans VON BARTELS (1856 - 1913) fait figurer trois générations de femmes assises dans les dunes à l’abri d’une palissade. Face au vent qui courbe les oyats, la grand-mère scrute avec inquiétude l’horizon. Sans doute sait-elle par expérience ce que la tempête signifie pour ceux qui sont en mer. Sa fille est toute à l’attention de son enfant, symbole d’espoir et d’avenir. L’œuvre réalisée aux Pays-Bas où séjourna longuement l’artiste, exprime la communion des familles de marins que la mer sépare et parfois endeuille. Hans Von Bartels marie ici avec sensibilité le sort des femmes à celui de leurs époux.


Dans cette œuvre aux tons gris, Maxime MAUFRA (1861 - 1918) décrit une scène habituelle des côtes bretonnes. Les arbres sont devenus obliques sous la force des vents dominants et les embruns salés ne laissent exposés que des troncs dénués de branches. La toiture d’un bâtiment de la ferme est manquante sans doute détruite par les assauts du vent. Un chien assis guette, humant l’air porteur de l’imminence d’une prochaine tempête. Le dos courbé et les mains dans la terre, la femme ne s’en préoccupe pas. A l’inverse de l’œuvre d’Hans Von Bartels, Maxime Maufra ôte tout sentimentalisme à la scène et décrit dans cet environnement hostile la volonté et l’abnégation des femmes.


Le vent tient dans l’œuvre du peintre malouin, Jean-Julien LEMORDANT (1878 - 1968) une place importante. Il l’illustrera souvent dans les cortèges de pardons bretons en Bigoudènie où flottent les tabliers et rubans des costumes colorés. L’œuvre ci-dessus, réalisée en 1965, est distincte. Dans un cadre lumineux, presque monochrome, l’artiste privilégie l’immensité du paysage. Au premier plan, deux femmes luttent contre les éléments. Le peintre adopte un point de vue en hauteur afin d’accroître le sentiment de puissance du souffle qui balaye la plage. Un groupe au loin s’est éloigné laissant les femmes seules et sans défense, comme perdues dans cette immensité désertique. Jean-Julien Lemordant souligne ici la fragilité humaine face aux forces supérieures de la nature.


L’artiste suédoise Ruth MILLES (1873 - 1941) dans ce magnifique bronze d’une jeune hollandaise, illustre parfaitement le souffle du vent. Sa force ne permet pas d’y faire face et avec renoncement, la jeune femme se laisse emporter. Elle agrippe sa coiffe pour conserver face aux éléments déchaînés, le symbole de son identité. Ruth Milles donne à son modèle un visage grave comme pour souligner qu’il ne s’agit pas du jeu malicieux d’une bourrasque s’amusant à décoiffer les jeunes filles, mais qu’au contraire, nous sommes face à une confrontation, un combat perdu contre les éléments. Cette populaire sculpture s'inscrit pleinement dans l’œuvre de Ruth Milles qui souligna avec une tendresse particulière, le sort de ces femmes et jeunes filles travaillant sans relâche à la vie de leurs foyers.


Aucun commentaire: